Yves Parlier en mode tortue, Sud Ouest Landes 19 mai 2009

Publié le par Cap Odyssée le Blog

Mardi 19 Mai 2009

DÉFI. Parlier suivra en catamaran trois Landaises traversant l'Atlantique à la force des bras. La découverte de... la lenteur

Yves Parlier en mode tortue

Stéphanie Barneix, Yves Parlier, Alexandra Lux et Flora Manciet : le team Cap Odyssée. (photo xavier gès)

Vendredi dernier à Seignosse, sur la côte landaise. Il est un peu plus de 20 heures quand Yves Parlier prend la pose du play-boy des bords de mer, entouré de trois jeunes femmes en robe de soirée. Stéphanie Barneix, Alexandra Lux et Flora Manciet. Sourires. Flash. Poignées de main. Flash. Difficile de faire moins tant cette Cannes attitude, version océane, dépasse de loin le seul cadre de la figure imposée. Dans une poignée de semaines, ces quelques minutes de glamour librement consenti sur le sable entre le loup de mer et ces sirènes prendront une tout autre dimension.

Depuis cette photo, en effet, Yves Parlier fait très officiellement partie intégrante de l'immense défi que se sont lancé ces trois spécialistes du sauvetage côtier : traverser l'Atlantique Nord en paddleboard. Depuis l'île du Cap-Breton au Canada, d'où le départ sera donné aux alentours du 22 juin, jusqu'à Capbreton, leur port d'attache landais.

5 000 kilomètres

Soit 5 000 kilomètres de haute mer à s'avaler à la seule force des bras sur une planche de 5,15 m pour 60 centimètres de large. Un projet éminemment risqué dans lequel le navigateur, qui a déjà fait trois Vendée Globe, va jouer un rôle essentiel : celui de skipper. En clair, c'est lui qui, depuis un gros catamaran de croisière, va suivre les trois rameuses durant toute leur traversée.

Une responsabilité qu'il n'avait pourtant pas l'intention d'assumer lorsque, l'année dernière, il a accepté d'être le parrain de l'aventure. Sauf qu'en décembre dernier, pour le premier grand test des filles, Les Sables-d'Olonne - Bordeaux, soit 250 kilomètres de traversée, le casting concernant le skipper du bateau suiveur, la seule bouée de sauvetage des filles en mer, n'était toujours pas réglé.

Un vrai problème quand on sait que le bateau ne doit jamais les perdre de vue. Une urgence qui a convaincu Yves Parlier de franchir le cap : « J'ai senti que je ne pouvais pas les lâcher. Autant les compétitions de paddleboard, elles maîtrisent, autant là, c'est un vrai projet de course de bateau, avec de l'innovation, de la recherche de matériel nouveau... C'est très complexe pour mettre toutes les chances de son côté avec une sécurité acceptable. »

Un casse-tête majuscule

Reste que si Yves Parlier a repris le dossier de A à Z, créant un comité de pilotage, redéfinissant les priorités des uns et des autres et distillant toute son expérience, il se trouve aujourd'hui face à une contrainte en forme de pied de nez du meilleur tonneau. En effet, alors que gagner de la vitesse a toujours été son objectif, il va devoir renoncer à cette spéculation intime. Et apprendre un phénomène inconnu : la lenteur. Si bien qu'après avoir couru et même volé sur l'eau, l'Extraterrestre va devoir maintenant et très humblement marcher dessus. Tout simplement pour s'adapter à l'allure de tortue des rameuses.

Facile, direz-vous ? Pas vraiment. C'est même un casse-tête majuscule, comme l'explique le navigateur : « Traverser l'Atlantique avec un voilier et le pilote automatique, c'est facile. Mais le problème, en bateau, c'est de régler la vitesse. Sur un voilier, il n'y a pas de frein et pas d'accélérateur. Ça veut dire que l'équipage est tout le temps en train de régler la vitesse du bateau pour s'adapter à la vitesse de la planche et ne pas la distancer. C'est un travail énorme, sachant qu'il faut en même temps garder le cap. »

Pour bien comprendre l'étendue du problème, il faut savoir que, même à sec de toile, le bateau ira parfois plus vite que les rameuses. « Résultat, indique Yves Parlier, il faudra mettre des ancres flottantes pour le ralentir... » Un comble pour le recordman de la distance parcourue en solitaire en 24 heures. Mais l'homme aime l'insoluble. Du coup, c'est non sans un certain plaisir qu'il travaille, depuis son atelier, à perdre du temps. « Je suis dans mon élément », confie-t-il. Et peu importe si les essais se poursuivront jusqu'à la veille du départ, la sécurité des rameuses, qui se relaieront de jour comme de nuit dans l'eau, est à ce prix-là.

L'eau à 7 degrés

Toutefois, si la présence d'Yves Parlier à leur côté est déjà déterminante, elle ne réduit pas pour autant l'ampleur de la tâche qui les attend. D'autant qu'au départ du Canada, dans les eaux infestées de cargos du courant du Labrador, la température ne dépassera pas les 7 degrés. Néanmoins, les deux traversées de cet hiver - Les Sables -Bordeaux et Lorient - Saint-Jean-de-Luz (500 kilomètres) - les ont définitivement rassurées.

« On sait aujourd'hui que c'est faisable », sourient-elles, même si elles s'attendent à souffrir du froid, de l'humidité, de la fatigue, voire du mal de mer à bord du catamaran. « L'Atlantique, c'est immense, rappelle Yves Parlier. On ne se rend pas compte de ce que c'est que d'être huit heures par jour dans l'eau. Un des gros problèmes se situera sur la peau, là où la combinaison frotte. Dans l'eau de mer, le moindre bobo, ça creuse, ça ne fait qu'empirer. Après, ça fait mal. Renfiler la combin' quand on a pu se sécher pendant quatre heures, c'est un supplice... »

Mais ce n'est rien au regard de ce que lui va devoir endurer : près de deux mois de navigation avec en permanence une femme à la mer...

Auteur : jefferson desport

Publié dans Presse

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