Yves Parlier raconte...

Publié le par Cap Odyssée le Blog

Mercredi 22 juillet, 17e jour de l’Ucar Cap Odyssée, le premier quart du parcours est franchi.

A 1h30, c ‘est Jean-Luc qui est venu me réveiller pour mon quart ce matin, avec cette fausse impression en entendant prononcer mon nom, d’être déjà réveillé. Fausse impression, car il m’est dur de me lever et je me dis que c’est presque une chance si je ne me suis pas rendormi. Retrouver ses lunettes, la frontale, le pantalon , les crocs sans réveiller Adrien qui ronfle à côté , voilà le deuxième challenge. Les cinq marches me permettent de passer dans un monde intermédiaire , le carré et sa table à cartes, mon coin préféré. On est dans le bateau avec vue panoramique sur la nuit noire et la mer noire striée d’écume blanche , ébloui par la lumière des 2 écrans d’ordinateur.

“Hello Frédérique” dis-je à notre océanographe qui, seule sur le pont de l’Ucar Cap Odyssée, prend les embruns et les 50km/h de vent en plein visage, fendue de son plus large sourire, toute excitée de sa nouvelle pêche. Elle essaye de me faire partager son enthousiasme en me montrant un bocal du dernier concentré qu’elle a pêché dans les eaux du Gulf Stream, où je dois voir des points de phosphorescence. Je joue le jeu, feignant d’être intéressé, pour essayer de comprendre cette énergie volcanique qui la porte. Cette motivation est si profonde qu’elle semble divine, directement tombée du dieu Neptune sur notre scientifique.

Tout le monde dort, Stéphanie est remontée de l’eau à minuit sous un ciel plein d’étoiles. Je fais la veille à présent et calcule ma route pour revenir à l’exacte position sous le coup des 3 heures du matin pour qu’Alexandra reprenne le relais. Prendre le cap, établir et régler les voiles, suivre ma progression sur l’ordinateur, seul sur le bateau je suis à mon affaire. J’ai la sensation que le bateau fait partie de moi, tous les petits détails sont contrôlés, j’ai mis une réponse au comment, au pourquoi, mon esprit est libre, et mon visage est fouetté par le vent.

2h30. Je réveille Adrien, puis Lucie et enfin Alexandra, la journée d’hier a été un record de vitesse et de distance parcourue, 67,5 milles pour 19 heures 30 de rame, soit 125 km. 2,81 nœuds sur 24 heures, un record, mais physiquement cela laisse des traces et ce matin par 25 nœuds de vent et une mer forte, est une manœvre où la moindre erreur entrainerait une avarie sur la planche ou pire une blessure sur alexandra. On a équipé la rameuse et sa planche du kit complet de sécu : 3 feux étanches allumés, 3 feux à mains, une fusée parachute, une trompe, un sifflet, un scialume, un sachet de fluorescine, une corne de brume, une balise de détresse, une balise de positionnement, une VHF, et un GPS, le tout dans des poches étanches fixées sur la planche, sans compter la frontale et la gourde.

Ainsi parés, Lucie est au contrôle de l’amarre du kayak gonflable, Adrien et moi amenons la planche délicatement dedans avec l’aide d’Alexandra qui se faufile elle aussi dans ce frêle esquif. Tel la mise d’un bateau à l’ancienne, nous poussons l’ensemble dans la pente des jupes arrière jusqu’à l’eau. Manip acrobatique qui ressemble un peu au départ de bobsleigh entre deux vagues. Trop tôt, la chute sera aussi vertigineuse que la réception sera violente, et trop tard, la vague aura chaviré le paquet précieux. Une fois dégagée à 10 mètres du bateau, Alex monte sur sa planche et nous, on rehisse le kayak. Ouf…

Publié dans Juillet Actualité

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B
Bravo 1/4 c'est énorme. Tous les jours on pense à vous et on parle ensemble de vous.<br /> A trés bientôt.<br /> Le bonjour de toute l'équipe du magasin d'Anglet
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G
Merci à toi, Yves, d'être une vigie toujours au top et aux petits soins pour nos rameuses, tel un papa poule. Oui, il est difficile de ne pas succomber à l'enthousiasme de Frédérique quand elle est avec ses petites fioles pleines de plancton...Tu n'es plus réveillé par Adrien????? Allez, courage à tous, on pense trés fort à vous.
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